L’encouragement préscolaire au coeur des enjeux d’intégration

Nicolas Roguet
Délégué à l’intégration, Bureau de l’intégration des étranger-es, Etat de Genève

Pendant les premières années de vie, les apprentissages moteurs, cognitifs, sociaux et langagiers permettent aux habilités fondamentales utiles et indispensables aux futur-es adultes de se mettre en place. La qualité des stimulations pendant cette période est un facteur prédictif important de la réussite sociale, économique et personnelle à l’âge adulte. Par ailleurs, de nombreuses recherches s’accordent à démontrer que la fréquentation d’un lieu extra-familial est un des meilleurs facteurs de réduction des inégalités socio-économiques et culturelles.

Des politiques publiques essentielles au développement de l’enfant

Ces premiers éléments de contexte montrent à quel point les politiques publiques de soutien au développement de l’enfant en âge préscolaire sont centrales dans une perspective d’égalité et plus large-ment de cohésion sociale.

La question des lieux d’accueil extra-familiaux occupe une place de choix dans les débats politiques et professionnels lorsque l’on aborde les enjeux de la petite enfance. Les communes genevoises investissent des montants très importants pour accompagner les familles et permettre une socialisation et un développement des enfants dans les meilleures conditions avec des normes de qualité très élevées. Cependant, à l’heure actuelle, l’ensemble des besoins ne par-vient pas à être couvert et notamment un nombre important de familles vulnérables n’ont pas de possibilités d’accéder à des places en crèches.

Hormis les accueils extra-familiaux, l’ensemble des acteurs et actrices institutionnel-les et associatif-ves, développe des expériences, projets, espaces d’accueil libre afin de soutenir les familles dans leur parentalité et le développement des enfants en âge préscolaire.

La petite enfance, un moment privilégié pour l’intégration des familles

Dans le cadre de la politique d’intégration, plusieurs projets ont été développés dans le but d’accompagner au mieux les familles vulnérables et allophones. Ceci permet d’exemplifier la modification possible des parcours sur le long terme par une politique volontariste d’accueil des familles grâce à des prestations gratuites disponibles pour toutes et tous. On pense par exemple à des accueils post périnataux par des sages-femmes, des cours de français maternité, des écoles de mamans, des accueils dans les centres d’hébergement familiaux pour requérant-es d’asile, des collaborations avec les instituts de formation et formations continues des professionnel-les, des accueils parents-enfants, le développe-ment de petits:pas, des programmes de préparation à l’entrée en scolarité « Bientôt à l’école » ou encore la création des chapiteaux enchantés.

Parmi les différents constats effectués en lien avec ces projets pilotes, nous sommes en mesure d’affirmer que les projets ciblant la formation continue des professionnel-les et la participation parentale amènent une réelle plus-value pour l’épanouissement des enfants. Les conditions mises en place pour une participation active des parents sont apparues comme un enjeu essentiel au développement harmonieux de l’enfant et à l’intégration des familles.

Investir dans l’encouragement préscolaire

De notre expérience, le préalable à la participation des familles aux activités pro-posées est une information adaptée, un accompagnement personnalisé et une collaboration entre tous les acteurs et toutes les actrices du terrain, permettant à terme une plus grande autonomie et meilleure intégration de ce public-cible. Cela semble évident, il s’agit de développer des outils d’information, de dépistage et d’orientation pour accompagner les parents au développement en pleine santé tant physique que psychique de leurs enfants.

Enfin, si l’on souhaite renforcer et développer le domaine de l’encouragement préscolaire notamment auprès des familles allo-phones et vulnérables, il est nécessaire de continuer à investir des moyens humains et financiers selon les axes suivants:

  • Les lieux d’accueil parents-enfants
  • Les accompagnements parentaux ciblés
  • L’offre d’animation pour les familles (avec enfants de 0 à 4 ans)
  • L’accompagnement aux transitions
  • Le développement des compétences interculturelles des professionnel-les de la petite enfance
  • Le développement d’outils à l’usage des professionnel-les et des parents

L’encouragement préscolaire est l’affaire de toutes et tous. Il s’agit d’un investissement d’avenir et d’un socle d’une société basée sur l’égalité des opportunités