Onex : la politique des petits pas

Carole-Anne Kast
Conseillère administrative à Onex

Quand parler de municipalisation est un tabou, il reste possible de progresser étape par étape.

François Mireval : Quelles sont les données de base permettant de comprendre le fonctionnement de ta commune ?

Carole-Anne Kast : Onex compte 19’000 habitants. Son budget est de 57 millions et l’administration occupe près de 200 personnes. Soulignons qu’en terme de charges par habitant-e-s, c’est bien Onex la ville la plus économe du canton, avec 3’000 CHF par habitant-e contre, par exemple, 5’800 CHF en Ville de Genève !

Et que pèse la petite enfance ?

Les familles disposent de trois crèches qui offrent 127 places, lesquelles bénéficient à 165 enfants grâce aux temps partiels. Je tiens à souligner que leurs tarifs sont identiques et que le barème est progressif. Le personnel de ces institutions regroupe environ 80 personnes. Leurs subventions représentent près de 8 millions, soit 14% de notre budget.

De plus, le groupe de communes de la région (Onex, Bernex, Confignon, Petit-Lancy) emploie 80 accueillantes familiales de jour (AFJ), qui accueillent 250 enfants, dont 140 pour Onex.

Malgré ces efforts, il reste 300 enfants en liste d’attente. Même si toutes les familles ne sont pas demandeuses, nous n’offrons des places que pour 23% des enfants en âge préscolaire.

Quel est le dossier actuellement brûlant ?

Le statut des AFJ ! Depuis l’heureuse acceptation du salaire minimum dans notre can-ton, leurs conditions de travail s’améliorent considérablement, au prix d’un coût global doublé. Depuis de nombreuses années, elles sont formées à ce travail et doivent obligatoirement travailler en collectif une demi-journée par semaine. Ce dispositif permet la sensibilisation à l’observation active des enfants et la détection précoce. Mais cette profession n’est pas encore reconnue comme elle le mérite.

Quelle est l’histoire de la petite enfance à Onex ?

À mon arrivée au Conseil administratif en 2007, on trouvait deux crèches et deux gar-deries, pour un peu moins de 100 places. La subvention communale pesait 7% du bud-get, soit 3 millions. Partout, des comités as-sociatifs travaillaient bravement, mais dans un état d’esprit à l’ancienne, du type œuvre de bienfaisance. Un réseau d’AFJ existait déjà, mais elles travaillaient « au gris ».

Parmi les problèmes constatés, j’ai relevé la disparité des fonctionnements : grande variabilité des tarifs proposés, grandes dif-férences de structure interne des coûts, aucun contrat de prestation. Pire encore : l’usage des subventions communales n’était pas vraiment contrôlé ! Bien sûr, les comptes et le rapport de la fiduciaire étaient lus attentivement… puis acceptés !

Une fois le constat posé, comment as-tu agi ?

En allant rencontrer chacune des structures, puis en les réunissant, j’ai bien vu que le seul terme de « municipalisation » produisait une peur bleue et des réactions épidermiques… Il fallait donc proposer autre chose. J’ai demandé à ces structures de s’accorder sur certains objectifs : cohérence, règles communes, priorités communes. C’est ainsi que nous avons pu fixer une tabelle tarifaire unique et réellement sociale, car progressive, puis établir un contrat commun de prestations. Ensuite, nous nous sommes mis d’accord sur le choix des critères de priorisation des enfants, ce qui a permis la mise en place d’une liste d’at-tente commune.

Seule une garderie a refusé de se joindre aux autres institutions. Elle a longtemps préféré garder son statut de PME et ses ta-rifs élevés dans un quartier un peu à l’écart et plutôt aisé.

Un important changement législatif est alors survenu : sur l’action des syndicats, le Canton a édicté des « usages de la petite enfance », ce qui contraint toute la profes-sion à les suivre.

Les autres institutions avaient adhéré à la CCT intercommunale (initiée par Onex, Confignon, Plan-Les-Ouates et Carouge), très proche de celle en vigueur en Ville de Genève.

Bon gré, mal gré, la garderie indépendante a fini par rejoindre le pool… en janvier 2020. Inutile d’ajouter à quel point elle l’a apprécié dès l’irruption du COVID et de ses contraintes en mars !

Quand prévois-tu de faire le dernier pas, celui de la municipalisation ?

A priori, ce ne sera pas nécessaire, et il y aurait trop d’oppositions énergivores. Nous avons un petit nombre d’institutions de la petite enfance, qui sont en contact et collaborent bien avec la commune et la CCT garantit de bonnes conditions salariales. Nous allons renforcer la collaboration en centra-lisant les inscriptions, la liste d’attente, la tarification des parents, mais pour le reste : TPCM.

TPCM ?

Touche Pas : Ça Marche !

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