Un effort dans la durée

Anne Emery-Torracinta
Conseillère d’Etat
Chargée du département de l’instruction publique, de la culture et du sport

Les enfants qui ont eu une ou plusieurs années en institution de la petite enfance ont acquis des compétences qui les préparent mieux que d’autres à leur entrée à l’école.

En effet, comme le rappelait notre Conseillère d’État Anne Emery-Torracinta en 2017 : « durant les quatre premières années de sa vie, l’enfant acquiert petit à petit des compétences qui lui permettent de comprendre et d’interagir avec le monde qui l’entoure. L’accès à une place d’accueil extrafamiliale lui permet de renforcer ces apprentissages. Renforcer la politique de la petite enfance est également un outil pour favoriser l’égalité homme-femme et l’intégration sociale puisque cela permet aux parents, aux femmes majoritairement, de mieux concilier vie familiale et professionnelle. » En 2021, où en sommes-nous ? Rencontre avecAnne Emery-Torracinta pour faire le point.

Sylvain Thévoz : Quel est le rôle actuel de l’État concernant le secteur de la petite enfance et comment évalues-tu celui-ci ?

Anne Emery-Torracinta : Le Canton a un rôle d’incitation à la création de places par le biais d’un taux d’offre à atteindre (nombre de places par rapport au nombre d’enfants) pour répondre aux besoins. Ce printemps, le Conseil d’Etat a fixé ce taux à 44%, à atteindre d’ici 2029. Par le biais de la Fondation pour le développement de l’accueil préscolaire (FDAP) ou de l’Obser-vatoire cantonal de la petite enfance, des recommandations peuvent être émises, par exemple pour améliorer la qualité de la prise en charge, en matière de critères d’accès de tarifs, etc. Enfin, le Canton joue un rôle de surveillance.

Quelles sont à ton avis les pistes à mettre en œuvre afin de développer davantage de places de crèches à Genève ?

Augmenter le taux d’offre si nécessaire et continuer la concertation entre canton et communes pour inciter à l’ouverture de nouvelles places, car il n’existe aucune obligation légale de création de places.

Quelles ont été les actions menées sur ton impulsion afin de renforcer le nombre de places de crèches à Genève ?

Le vote de la loi sur l’accueil préscolaire, la création de l’Observatoire et celle de la FDAP.

Existe-t-il des pistes alternatives aux crèches afin de faire en sorte que l’accueil des enfants de 0-4 ans soit garanti ?

Un congé parental d’une année à partager entre les parents ! Et le soutien également à l’accueil familial de jour dans le cadre des structures de coordination : avec l’adoption du salaire minimum, cela pourrait inciter des personnes à offrir des places d’accueil.

Comment évalues-tu le travail des com-munes concernant le nombre de places de crèche et l’accueil de la petite enfance ?

Nombre de communes ont aujourd’hui une véritable volonté de créer de nouvelles places et je me réjouis de voir que cela se concrétise sur le terrain. Reste, toutefois, que tant l’augmentation démographique que les besoins toujours plus importants des familles imposent que cet effort se poursuive : aujourd’hui, il manque toujours plus de 3’000 places d’accueil.

Comment faire en sorte que les personnes parmi les plus défavorisées puissent avoir recours aux crèches, considérant le caractère bénéfique de ces dernières dans la lutte contre les inégalités sociales ?

Revoir les critères d’admission pourrait être une piste, à savoir ne pas exiger forcément une activité professionnelle pour les parents. Mais cela ne pourrait s’envisager que si l’offre de places augmentait suffisamment. On peut aussi développer des offres alternatives de prise en charge et/ou de soutien, ciblées en particulier sur ces familles. Un des enjeux est aussi de préparer l’entrée à l’école : pour certains enfants, la transition famille-école est parfois très dure. A ce propos, plusieurs communes ont développé de très intéressants dispositifs, comme « Bientôt à l’école ».

Lisez le journal entier (PDF)