Le mot du Comité
L’espace public est politique
L’ironie veut donc qu’il soit difficile de circonscrire exactement ce que couvre l’espace public, tant son contenu est foisonnant et sa compréhension varie selon les interlocutrices et interlocuteurs. On pourrait tout à fait en donner une définition très pragmatique qui serait un espace ouvert, accessible à touxtes et gratuit, avec une mixité d’usages et de fonctions, variables dans l’espace et / ou dans le temps, et qui s’insère dans un tissu urbain en relation avec le bâti et le paysage.
Néanmoins à mon sens, l’espace public, c’est plus que des bancs, des places, des pelouses, un service de voirie et des personnes en uniforme garante de la sécurité. Il est éminemment politique, puisque c’est l’endroit où nos individualités peuvent se rencontrer et éprouver le contrat social qui nous lie. Il s’agit donc de le penser, comme nous l’avons fait lundi soir dernier lors de notre assemblée thématique avec Fiorenza Gamba et Sandro Cattacin de l’Université de Genève.
L’espace public est le lieu des différences et ce qui fait qu’une appartenance à un lieu va se créer s’articule autour de trois éléments : l’importance cruciale des associations, pour savoir aussi bien où on est, ce qu’il s’y passe et interagir à partir de liens communs (communautaires, d’intérêt), ne pas être « seul·e·xs » ; les rencontres spontanées, puisque plus une ville les permet, plus la confiance s’installe, et plus les peurs de l’autre et le sentiment d’insécurité reculent ; enfin, les rituels d’inclusion, tels que les fêtes, les manifestations, organisées « par le bas » (à l’initiative de citoyen·ne·xs) et soutenues par les autorités.
Et quid des espaces privés où se rencontre le public, comme les centres commerciaux, et qu’en faire, dans une perspective anticapitaliste de l’espace public, contre une appropriation et une privatisation de celui-ci ? Cette lutte anticapitaliste est aussi celle du détricotage des règlements et autres normes qui par leur vocabulaire trop technique, juridique et donc ségrégationniste empêchent une participation collective, au profit des happy few qui maitrisent les codes.
Affirmons donc que l’espace public doit être le plus inclusif possible – pour toutes et tous, sans privilège, dans toute notre diversité, ce qui implique de se poser la question s’il l’est, et de donner la parole à celles et ceux qui affirment qu’il ne l’est pas – et de savoir les écouter ! ; que la ville inclusive ne doit pas se limiter à l’hypercentre urbain, on doit pouvoir créer de l’urbanité dans la périphérie, et avoir des services publics, de la culture itinérante et des opportunités de loisirs PARTOUT ; que l’appropriation de l’espace doit être possible, et elle ne le sera qu’en impliquant touxtes les citoyen·ne·xs, que ce soit sur les PLQ, les projets de végétalisation de rues, par notamment la mise à disposition des Maisons de quartier à tout le monde. Enfin, la beauté esthétique des lieux doit être privilégiée, avec le végétal. Alors haut les cœurs, que la ville soit belle !
Olivia Bessat et Manuel Zwyssig, Coprésident·es du PSVG
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